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Commune libre du Boulingrin
18 février 2014

MUSEE DU BOULINGRIN: la polémique entre JeanMarie Beaupuy et Serge Pugeault (textes intégraux à l'appui)

 

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Et l'on a bien sûr parlé du futur musée du Boulingrin hier en réunion de conseil municipal, ce musée dont la construction a été retardée de deux ans suite aux problèmes connus sur le Nautilud  (lire notre article publié cette nuit) .

C'est Jean-Marie Beaupuy (conseiller MoDem , qui, s'appuyant sur les mauvais chiffres du musée de Metz a abordé la question. Metz: un musée qui a coûté 70M€ et coûte 12M€ en frais de fonctionnement. Le musée de Metz qui déchante aujourd'hui...

 (voir une capture photo de l'article en pied d page)

Et l'élu d'opposition a tendu la perche à l'adjoint à la culture Serge Pugeault en demandant s'il y avait eu une étude de marché et si l'idée d'une reconstruction sur place du musée Saint-Denis ne serait pas finalement la bonne solution...

Voici le texte intégral des interventions des deux élus. Le meilleur moyen pour chacun de se faire une idée, sur pièces. 

LE TEXTE INTEGRAL DE L'INTERVENTION DE JEAN-MARIE BEAUPUY

 

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"Le futur Musée, parlons-en, puisque l’Adjoint concerné déclarait, il y a 3 semaines, qu’il fallait reporter sa construction. 

Décidément, ce projet a « du plomb dans l’aile ». 

Il ne cesse de déraper car vous refusez de prendre en compte les réalités : 

1ère réalité : notre ville –c’est-à-dire les contribuables rémois- peut-elle accepter d’investir 55 millions d’euros dans le bâtiment, puis plusieurs millions d’euros de fonctionnement supplémentaires, chaque année, sans savoir quel sera le supplément de fréquentation 

L’Adjoint responsable a déclaré qu’aucune prévision n’a été établie ! Est-ce possible, ou veut-on nous cacher la vérité ? 

Quels sont les publics supplémentaires potentiels : 

- Les scolaires du Bassin rémois : combien en recevrons-nous en plus avec un Musée neuf ? 

- Les adultes de la Région : même question. 

- Les adultes de l’extérieur de la Région : ils viendront essentiellement lorsque nous proposerons des expositions temporaires exceptionnelles. 

 Donc, avant même le rebâtir le projet d’un futur Musée, il convient de faire cette étude de marché

Et cette étude est forcément connectée à la 2ème réalité  qu’il faut prendre en compte :

Qu’est-ce qui va rendre le nouveau Musée plus attractif 

- Le bâtiment imaginé par Chipperfiel ? Coincé entre les Halles, le futur immeuble de bureaux ! On est loin de Pompidou Metz et encore beaucoup plus loin de Bilbao ! Ne nous illusionnons pas sur les capacités d’attraction du bâtiment par lui-même. 

- Les oeuvres sorties des réserves : ce ne sont pas ces oeuvres qui attireront les Parisiens et autres touristes. 

- Les expositions temporaires : en ce domaine, il y a un véritable créneau, puisque nous sommes dans une société de l’Evénementiel. Encore faut-il dire quels types d’évènements, et avec quels budgets. N’oublions pas que nous sommes géographiquement entre Paris, le Louvre-Lens et Pompidou Metz. Il faut donc mettre la barre très haut pour être véritablement attractifs. 

 3ème réalité : le lieu d’implantation de ce musée au Boulingrin. 

Décidément, ce lieu qui pouvait être intéressant, est devenu inadapté. En particulier, on imagine mal des milliers de visiteurs se stationnant loin d’un Musée qu’ils ont choisi de visiter ! 

4ème réalité  -et non la moindre- : quel usage du bâtiment actuel rue de Chanzy ? Alors que l’on bénéficie autour de la Cathédrale d’une grande brasserie, un Office du Tourisme de 1000 m2, un grand Hôtel… et que l’on veut mettre en oeuvre une stratégie dynamique pour le Tourisme. 

Nul ne peut comprendre que l’on puisse envisager l’existence d’un bâtiment historique inoccupé dans ce lieu stratégique ! 

Lors des différentes réunions consacrées à ces sujets, (musée et tourisme) il y a toujours une quasi-unanimité des Rémois qui privilégient une rénovation de l’actuel Musée, en utilisant les espaces disponibles (cours, jardins, parkings, etc.) et en proposant des expositions temporaires attractives pour le million et demie de touristes de la Cathédrale. 

Ce sont ces qu’il faut absolument prendre en compte et leur donner une réponse. 

Alors, et alors seulement, on pourra confirmer ou infirmer la validité de la construction d’un nouveau musée au Boulingrin, ou la pertinence d’une belle rénovation rue de Chanzy. 

---- 

Faute de réponse satisfaisante, 

j’organiserai, avec de très nombreux Rémois, une consultation citoyenne, voire un référendum, par internet.

Serge Pugeault, très sûr de lui

imgres-1Connaissant très bien son dossier, Serge Pugeault avait prévu de parler du musée et préparé un long argumentaire. Pour lui, outre qu'un dédit coûterait une petite fortune à la ville  et  l'idée d'un nouveau musée est très crédible.

L'INTERVENTION COMPLETE DE L'ADJOINT

 

"Votre question, M. Beaupuy, porte sur le coût de ce que serait l’annulation du projet du Musée des beaux-arts au Boulingrin ; vous évoquez un chiffre de 15 millions d’euros.

 

Il est difficile de se placer dans l’hypothèse que vous évoquez, tellement elle est inimaginable.

 C’est sans doute une hypothèse fondée sur une certaine nostalgie de ce qu’était le quartier du Boulingrin en 2008, avant notre élection : un grand parking agrémenté d’une structure recouverte d’un plastique blanc sous laquelle se tenait le marché le samedi, avec en fond de décor les halles du Boulingrin laissées 25 ans à l’abandon, une rue du Temple envahie par les voitures, de la saleté partout, des rats dont les riverains se plaignaient…

 Mais imaginons effectivement que ce soit là l’ambition d’un candidat aux municipales, quelles en seraient les conséquences ?

 Le chiffre de 15 millions a pu effectivement circuler.

 

Mais il n’est pas exact.

 Si le projet de Musée au Boulingrin devait être annulé, les conséquences en seraient bien plus importantes que ça.  

 

Il y a d’abord eu les dépenses d’ores et déjà engagées pour ce projet au Boulingrin.

 

 A ce jour, la somme exacte est de 4 997 736 €. Il faudrait aussi régler les pénalités prévues au contrat avec le MO, soit 151 339 €. Nous en serions donc déjà à une perte sèche pour la ville de 5 149 075 €.

 Mais ce n’est pas tout, c’est loin d’être tout…

 Le projet privé Agora, qui se trouve sur l’autre partie du parking, est intimement lié au projet de Musée. Il l’a été dans l’appel d’offres que nous avons lancé. Il l’est dans les accords que nous avons avec le groupement qui a remporté le projet. Il l’est dans sa conception même, son architecture. Juridiquement, l’annulation du Musée oblige à l’annulation du projet Agora.

 

L’annulation du projet du Musée, c’est donc aussi l’annulation du projet Agora.

 La ville devait vendre l’assise foncière au groupement 4 300 000 €. Le projet annulé elle devra lui régler environ 500 000 € de pénalités, soit une perte totale de 4 800 000 €. S’ajoutant à la somme précédente, nous en sommes donc à une perte sèche pour la ville de 9 949 075 €.

 

J’ajoute que l’investissement du groupement attributaire dans le projet Agora était de 35 Millions €.

 

35 M€ qui auraient été investis dans l’économie locale, dans les entreprises du bâtiment dont on sait comme elles souffrent aujourd’hui.

 Le projet Agora était aussi la création d’environ cent emplois, et une centaine d’emploi peuvent-ils être négligés dans la conjoncture que nous connaissons ?

 

En tout état de cause une perte sèche pour la ville de 9 949 075 €. C’est déjà beaucoup, mais ce n’est pas tout, c’est loin d’être tout…

 Il se trouve en effet que le Musée des beaux-arts a bénéficié de donations, de dations et de mises en dépôt, directement conditionnés à la construction du nouveau Musée.

 

La plus importante est la donation Foujita, près de 700 oeuvres, pour une valeur de 5 748 660 €.

 Nous nous sommes engagés  en contrepartie à prévoir dans le nouveau Musée , localisé non loin de la chapelle Foujita, un espace dédié de 240 m2, ce qui d’ailleurs ferait du Musée de Reims le plus grand au monde consacré à Foujita et permettrait à Reims d’accueillir des milliers de touristes japonais. A défaut nous devons rendre ces œuvres aux héritiers, comme le prévoit la convention.

 

Le second legs est le legs de Madame Pommery, la superbe et unique collection de céramiques léguée au Musée avec une condition essentielle, qu’une salle soit prévue pour les exposer.

 

Dans l’actuel Musée, c’est impossible. Dans le prochain Musée, une salle a été prévue. Nous avons un courrier récent de Monsieur Philippe Pommery, héritier de son aïeule. Il est d’accord pour attendre jusqu’en 2018, c’est-à-dire sinon l’achèvement du musée, en tout cas sa sortie de terre. A défaut de Musée, conformément aux stipulations de la convention, la ville devra rendre cette incomparable collection qui lui a pourtant été léguée en 1892, qui constitue une partie du patrimoine de notre ville. Sa valeur est de 1 212 000 €.

 

Enfin dans la perspective de la construction du nouveau Musée, tel que le projet a été présenté, et sous réserve de les mettre en valeur dans les nouveaux espaces, nous avons bénéficié dans la période récente de dépôts du Centre Pompidou, pour 2 150 000 €, de dépôts du centre national des arts plastiques pour 1 344 738 € et la semaine dernière nous avons vu arriver la dation Felds, ensemble unique au monde, pour 2 500 000 €.

 

Toutes ces donations, legs, dépôts sont conditionnés par la construction du nouveau musée au Boulingrin, et liés à celui-ci. Que le Musée ne se fasse pas, et nous les perdons tous.

 Si vous avez fait l’addition, toutes ces collections ont une valeur cumulée de 12 955 398 €.

 Mais au-delà des sommes en jeu, ce sont bien entendu des ensembles d’œuvre au potentiel attractif considérable que nous perdons.

 Aujourd’hui nous évaluons le potentiel du nouveau musée au Boulingrin à 200 000 visiteurs, soit 150 000 visiteurs de plus qu’actuellement.  

 Avec ce chiffre nous sommes dans une fourchette basse, d’une part parce que le bâtiment est dû à celui qui est considéré comme l’un des plus grands architectes de musée au monde, David Chipperfield, et d’autre part parce que les futures collections, notamment Foujita, y seront remarquables.

 

C’est une fourchette basse, mais raisonnable.

 

Les retombées économiques d’une telle fréquentation sont importantes. Rappelons que selon les chiffres communément admis (là-encore hypothèse basse), un visiteur supplémentaire dans une ville, hors transport et hôtellerie, c’est 40 € de retombées économiques. 200 000 visiteurs, ce sont donc par an 8 millions € de retombées économiques !!

 

L’on connait aussi l’effet de notoriété pour une ville d’un grand Musée, et donc le renforcement de l’attractivité d’un territoire.

 

Résumons donc :

 

Si le projet du Boulingrin ne se fait pas la ville perdra (perte sèche), 9 949 075 €, directement sortis de la poche des rémois ; elle perdra pour près de 13 000 000 € d’œuvres au potentiel d’attractivité très important ; elle perdra l’investissement dans l’économie rémoise de 35 000 000 € des promoteurs du projet Agora, elle perdra une centaine d’emplois , elle se privera de près de huit millions annuels de retombées économiques, d’un effet de notoriété et d’attractivité.

 

Et en échange, elle retrouvera effectivement un parking à moitié sauvage, un grand retour vers le passé…

 

 

 

Voilà ce que couterait aujourd’hui l’arrêt du projet.

 

 

 

Je voudrais toutefois compléter ma réponse à la question qui a été formulée.

 

Nous avons entendu récemment Arnaud Robinet déclarer qu’il fallait revoir le projet du Musée, et avant tout « lancer une étude pour voir si ça ne serait pas mieux de le refaire sur place ». Des études, nous en avons trouvées des rayonnages complets quand nous sommes arrivés en 2008… !

 

Cette proposition de Arnaud Robinet est pour le moins surprenante, car cette étude existe, et il devrait le savoir !

 

Son principe a été décidé par JL Schneiter et son équipe, dont faisait partie Arnaud Robinet !!

 

Cette étude a été menée en 2007 par le cabinet O’Byrne associés, et elle a été rendue en novembre 2007.

 

Or que dit-elle ?

 

Pour pouvoir réaliser un musée qui aurait les dimensions de ce qui est prévu au Boulingrin, et de ce qui est nécessaire à la mise en valeur de ses collections, notamment les plus récentes ,autour de 10 000 m2 utiles, il faut faire trois choses :

 

1) récupérer l’immeuble de l’ESAD

 

2) créer un tunnel qui relie l’ESAD à l’actuel Musée ( !)

 

3) restructurer l’ensemble et y ajouter 54% de constructions neuves sur le parking Libergier (donc supprimer celui-ci) et dans les jardins (donc amputer ceux-ci)

 

 

 

Pour faire ça, ça veut dire qu’il faut commencer par reconstruire ailleurs l’Esad (dont les effectifs ont augmenté de 50% depuis 2008), soit dépenser environ 20 Millions €.

 

Une fois le bâtiment de l’Esad vide, il faut vider celui du Musée, c’est-à-dire emballer les milliers d’œuvres, trouver un lieu sécurisé pour les stocker, dépenser de l’argent pour les surveiller, maintenir une température constante, etc…A première vue, dépenser environ 1, 5 M€ par an pour ce stockage.

 

Une fois le Musée vide, et fermé, les travaux pourront commencer. Il faudra au moins six ans pour les réaliser, soit six ans sans Musée pour les rémois et les touristes.

 

Et le coût pour restructurer deux bâtiments, construire sur le parking Libergier (ce qui est techniquement très difficile car sous ce parking  se trouve…un parking souterrain !) et dans les jardins sera a priori proche de 80 M€.

 

N’oubliez pas, à ce coût il faut ajouter les 20[PS1]  M€ de l’Esad, le coût annuel du stockage et de la surveillance des œuvres durant les travaux (6 ans à 1,5 M€ soit 9 ME), et en tout état de cause la perte supportée pour l’abandon du projet Boulingrin de près de 10[PS2]  M€ qui existera en toute hypothèse.

 

Quant à l’ensemble des legs et donations, il serait très compliqué de les conserver.

 

Au bas mot, plus de 100 M€ quand le projet actuel en coûte 46 HT (rappelons en effet que la ville récupère la TVA).

 

Voilà les vrais éléments du débat autour du nouveau musée.

 

On peut aussi faire le choix de ne rien faire et de rester dans l’immobilisme, la droite nous y a habitué…"

Jean-Marie Beaupuy: "Après les élections il faudra remettre le dossier à plat. Je n'ai pas dit qu'on ferait le musée sur son emplacement actuel, mais j'ai dit on verra s'il faut ou pas confirmer l'implantation sur le Boulingrin."

Adeline Hazan: "On continue le projet."

A suivre...

 

Pour info aussi le site officiel sur le grand musée qui demande une sérieuse réactualisation (planning)

http://www.reims.fr/culture-patrimoine/musees-et-collections-permanentes/musee-des-beaux-arts/le-nouveau-musee.htm

L'ARTICLE DE LA CROIX DU 17/2/2014

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  • Reims. Boulingrin, peur de rien. Au coeur de la ville de Reims un quartier fait de la résistance à la morosité. Milite pour maintenir dans la bonne humeur et sans se prendre au sérieux une qualité de vie à proximité des halles Boulingrin.
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