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Commune libre du Boulingrin
20 avril 2015

Jour de gloire pour le Boulingrin à Reims

Vu dans L'Union dimanche.

De  Françoise Lapeyre

Les élus ont du mal à garder leur sérieux en écoutant Pierre Longuet, qui a contribué, sérieusement, à ce classement.0J2A4995

 

 

Les Halles classées monument historique et labellisées Patrimoine du XX e  siècle, cela méritait une cérémonie, avec la Commune libre en bonne place. 

 

Après avoir inauguré les plaques « Jardin remarquable » des deux parcs rémois prolongeant les Promenades, le cortège des officiels s’est rendu, à pied, mené avec un train d’enfer par le maire Arnaud Robinet, aux Halles pour dévoiler deux autres plaques, qui, désormais, indiqueront aux touristes qu’elles sont, d’une part, classées « Monument Historique » et d’autre part, labellisées « Patrimoine du XXe siècle ». 

 

Installés derrière les anciennes tables de boucherie, à l’étage de la mezzanine, les invités ont écouté les discours, notamment ceux des deux maires... D’abord celui de la « Commune Libre du Boulingrin », Pierre Longuet, qui a commencé par lancer d’une voix de stentor un vibrant « Cocorico ! ». « Nous avons usé trois maires, palabré avec trois ministres de la Culture, nous avons crié, défilé, chanté notre rébellion. Nous nous sommes bagarrés pour faire de ce trou noir à rats une cathédrale de lumière dédiée à l’alimentation » a-t-il ajouté. 

 

Un lieu de vie

 

 

plus de 150 personnes, présence de Georges de Bourges, petit-fils de Maigrot.0J2A4995

« Rémois, rémoises... je ne parlerai pas aussi fort ! » : C’est sur un clin d’œil à P. Longuet et son célèbre « Boulingrinois, Boulingrinoises » qu’Arnaud Robinet a commencé son discours, fier de ce label qui « permet d’identifier les Halles comme, notre héritage patrimonial, témoin de l’évolution de notre société au cours du siècle dernier ».  Et le député-maire d’insister sur la volonté de la ville d’installer dans ce lieu « un marché permanent », de faire du quartier « un lieu de vie », et d’y apporter, notamment durant l’été, un certain nombre d’animations.

 

La leçon d'urbanisme de Dominique Potier

Ce que L'Union n'a pas dit

Dans une brève mais pertinente intervention, Dominique Potier, deuxième adjoint de la Commune Libre a rappelé le pourquoi de l'évènement.

0J2A5030

 "Au début de l’année 1919, faisant suite au concours ouvert aux architectes pour établir le plan de la reconstitution et du développement de Reims, la mairie, sous la conduite du docteur Jean-Baptiste Langlet, décide de récompenser ceux qui ont le plus mérité pour la qualité de leur projet en leur attribuant, d’office, d’importants chantiers de la reconstruction à venir :

  Bouchette & Expert : L’Hôtel de Ville

 - Portevin : L’Ecole professionnelle et le nouvel hôpital

 - Sainsaulieu : la future Bibliothèque

 - Maigrot : Les Halles

 

 

 Pourtant, jusqu’en 1923, rien ne bouge vraiment du côté des futures halles. D’abord, leur emplacement ne sera définitivement choisi pour être implanté au Boulingrin que vers avril 1920 dans une des dernières versions du Plan de G.B. Ford. Mais, une des raisons majeures de ce manque d’empressement tient au fait que les anciennes halles n’ont subi que peu de dégâts durant les 4 longues années de bombardement qu’eut à subir la ville. De ce fait, cette quasi préservation n’ouvrait pas droit à l’attribution de dommages de guerre. Il s’agit alors d’un investissement en pleine charge pour la ville de Reims.

 C’est donc en 1923, sous la conduite de Charles Roche, maire de Reims, qu’un concours est lancé, invitant les architectes ayant des références en ce domaine à proposer des projets pour l’édification des nouvelles halles sur l’emplacement du Boulingrin (en contradiction avec l’attribution directe du projet à Maigrot en 1919).

 Pour Emile Maigrot, homme patient et tenace, c’est un obstacle dont il s’affranchit en remportant la consultation. J’insiste sur la patience et la ténacité d’Emile Maigrot qui va devoir, inlassablement de 1923 à 1927, période à la fois dynamique et confuse de la reconstruction de Reims, revoir et remanier son projet à de nombreuses reprises, traversant avec aisance les changements de municipalité car c’est sous un troisième maire,

 Paul Marchandeau, que le projet démarre enfin, nous sommes en 1927.

 Au delà de tout ce temps écoulé et de nombreuses tractations, politiques et techniques, il faut apprécier la capacité de l’architecte Emile Maigrot à faire évoluer son projet. Celui-ci tire son originalité de sa difficulté à naître, il tire sa radicalité de l’économie forcée à laquelle il est contraint pour exister. S’il est incontestable que les principes développés par Eugène Freyssinet vont trouver application dans la conception architecturale de Maigrot, il est tout aussi probable que Freyssinet ne participe pas au projet. Son esprit est alors tout entier accaparé par la technique du précontraint, ce qui l’éloigne définitivement de l’entreprise Limousin qui réalise le chantier. L’origine du projet tel qu’il se réalise en 1927 est plutôt à aller chercher 10 ans auparavant auprès de deux ingénieurs aussi brillants que peu reconnus, Charles Rabut et Augustin Ménager qui ont été les professeurs de Freyssinet.

 

 

 

Ces deux hommes signent dés 1917 avec l’entreprise danoise Christiani & Nielsen, dont ils sont administrateurs, un extraordinaire hangar à hydravion commandé par le Tsar Nicolas II et construit à Tallinn, capitale de l’Estonie. Ce bâtiment, rénové en même temps que les Halles du Boulingrin préfigure très exactement ce que sont nos halles du Boulingrin. Et c’est bien Emile Maigrot qu’il faut louer dans cette affaire que d’avoir su faire aboutir un projet aussi original, ambitieux et novateur pour l’époque que celui d’édifier cette immense voûte d’une seule portée, supprimant toute contrainte au sol et s’inscrivant, de plein droit, dans cette mouvance architecturale qui va engager l’architecture dans les années 30, le Mouvement Moderne."

 

 

 

C’est cette architecture dynamique et fonctionnelle que nous célébrons aujourd’hui et c’est à Emile Maigrot qu’il faut attribuer tout le mérite d’avoir été le concepteur et l’assembleur génial des techniques de construction les plus audacieuses pour l’époque nous léguant un bâtiment particulièrement représentatif, emblématique de la reconstruction de la ville de Reims et de l’audace que l’on sut déployer alors pour y parvenir…

 

 

 

 

 

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  • Reims. Boulingrin, peur de rien. Au coeur de la ville de Reims un quartier fait de la résistance à la morosité. Milite pour maintenir dans la bonne humeur et sans se prendre au sérieux une qualité de vie à proximité des halles Boulingrin.
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